Je ne suis qu’un enfant
Condamné à la rupture sociale
Et victime de luttes raciales.
La violence et la souffrance
M’ont dépouillé mes droits et mon éducation,
L’incivisme et la désobéissance
M’ont changé en ange de la rue,
Je passe mon temps à parcourir les avenues
Et le vagabondage est devenu mon passe-temps.
Pourtant, je ne suis qu’un enfant.
Sans rancune, je vous écris ces pages
Sans rancune, j’oublie ces rages
Sans rancune, je vous écris ces mots
Sans rancune, j’oublie ces maux
Parce que je ne suis qu’un enfant.
Je ne suis qu’un enfant
Transformé au combat
Comme l’âme d’un enfant soldat.
Lorsque les armes exposent leur longévité
Même mon innocence ne peut me sauver.
L’amour s’unit à la haine
Pour forger la culpabilité
Dont se nourrit mon chagrin,
La guerre se vêtit du manteau de la paix
Pour que mes extases se taisent à jamais.
L’éclat du jour me change en traitre
Et le silence la nuit me maltraite.
Pourtant, je ne suis qu’un enfant.
Sans rancune, je vous écris ces pages
Sans rancune, j’oublie ces rages
Sans rancune, je vous écris ces mots
Sans rancune, j’oublie ces maux
Parce que je ne suis qu’un enfant.
Je ne suis qu’un enfant
Emporté par la brise du désir
Qui brise mon fond.
J’affronte les méandres d’aujourd’hui
Pour pallier ceux de demain;
Je lutte de mes deux mains
Pour survivre jour et nuit
À l’incrédulité de la vie qui me soumet
À un périlleux chemin
Pourtant, je ne suis qu’un enfant.
Sans rancune, je vous écris ces pages
Sans rancune, j’oublie ces rages
Sans rancune, je vous écris ces mots
Sans rancune, j’oublie ces maux
Parce que je ne suis qu’un enfant.
Aujourd’hui je ne suis qu’un enfant et en cette qualité je n’ai pas commentaire à faire mais je vous prie de retenir que:
Je ne suis qu’un enfant chers parents qui, à travers ce récit d’un oublié, vous relate les plaies invisibles qui persécutent nos cœurs à longueur de jours.
Toutefois, ça fait un moment que j’ai compris que je devrais cesser de m’apitoyer sur mon sort. Chaque fois qu’une vague de pensées plaintives semble m’emporter, je trouve la force de la repousser en me remémorant les images d’enfants que j’ai vue traverser les rues avec des vêtements délabrés à la quête de substances nutritives.
Je pense également à ces enfants qui dorment et se réveillent tous les jours aux sons de mitrailleuses, de mitraillettes ou d’explosifs de tous types. Ces enfants qui rien qu’à travers les sons peuvent distinguer nom par nom l’arsenal militaire qui s’est implanté dans nos sociétés comme des entreprises en plein essor.
Je pense à ces enfants esclavagistes, opprimés, oppressés, reniés, exclus, méconnus… ces oubliés de la société dont le sort est hypothéqué.
La tragique histoire de ces êtres inoffensifs a fait de moi une âme sensible. Depuis, j’ai arrêté de me plaindre de tout et de rien. Je préfère consacrer mes pensées à ces personnes fortes et fragiles, ces âmes que la vie a oublié de sauver.
L’enfance, le summum de l’innocence… chers parents, s’il vous plaît, rendez-nous notre enfance , rendez-nous innocence…